Les pilotes Ford sur leurs toboggans

L’équipe officielle Ford a effectué 4 jours d’essais cette semaine pour préparer le rallye de Finlande. Accompagné de Chiva, d’ExtremRallye et d’Image74, j’ai eu la chance de pouvoir me rendre sur place pour apprécier au mieux les pilotes finlandais dans leur jardin. Mercredi, en se rendant sur la base d’essais, la route terre d’accès laisse entrevoir le terrain, on ne voit jamais où l’on va, la région n’est pas montagneuse, mais on est jamais à plat. Arrivé sur la spéciale d’essais en cours de deuxième journée pour Jari-Matti Latvala, toute première impression lors du premier run : ça déboule fort, très fort dans cette forêt ! A peine le temps de voir quelques runs que la séance se termine. Jari-Matti nous livre ses sentiments juste avant le debriefing avec l’équipe : il a l’air très satisfait de ses 2 jours d’essais, il n’a pas complétement terminé le setup de l’auto et compte sur le relais de Mikko. Juste un problème d’alternateur qu’il a fallu changer. En échangeant avec l’équipe, je comprend que la Fiesta semble avoir un bon comportement. Alors que j’imaginais qu’un empattement plus important comme avec la Focus permettait d’être plus stable dans les grandes courbes rapides ce qui n’était pas le cas avec la Fiesta : on m’explique un tout autre comportement. La Focus avait tendance à avoir un arrière train baladeur, pas toujours bien contrôlable dans les longues courbes surtout dès que c’était un peu glissant. Avec la Fiesta, une auto plus courte, ça a tendance à moins partir de l’arrière dans ce genre de courbe. De plus l’auto est plus vive, plus réactive ce qui permet aux pilotes de corriger dans la courbe ce qui était plus difficile avec la Focus.

Jeudi, c’est Mikko Hirvonen qui a pris le volant de la Fiesta WRC, le temps a changé : il pleut. La spéciale est moyennement large avec quelques crêtes, mais un peu moins rapide que la spéciale de la veille. Elle est surtout détrempée par une pluie très intense par moment. Juste avant midi, un run s’effectue sous une énorme averse. La trajectoire contient quelques centimètres d’eau, mais Mikko n’hésite pas, il se sert de sa Fiesta comme d’un aéro-glisseur à une vitesse hallucinante dans des conditions dantesques. L’équipe n’a pas stoppé son effort les runs se sont enchainés. La pause du midi, nous a permis d’échanger avec l’équipe et plaisanter avec Mick, le chef de l’équipe, sur sa célébrité depuis le reportage du Mexique ! L’après midi, des éclaircies permettent de faire des runs sans pluie, sur une spéciale où l’eau s’évacue rapidement, sans devenir complétement sèches. Des conditions qui ne seront certainement pas celles qui seront rencontrées pendant le rallye mais on ne sait jamais et puis cela permet de trouver de nouveaux réglages utilisables mêmes sur d’autres rallyes.

Vendredi, le rendez-vous était donné sur un lieu mythique. En approchant, dès l’apparition sur les panneaux du nom « Ouninpouhja », l’exictation est à son comble. Depuis 2007, la spéciale mythique n’existe plus dans son intégralité car jugé trop dangereuse à cause de la vitesse moyenne des concurrents. Cette partie qui n’est plus utilisée servait donc de spéciale d’essais. Voir Mikko sur un tel terrain : quel pied ! Cette spéciale de tests ? Un enchainement de courbes rapides, de crêtes, de jumps, un toboggans d’environ 5 km ! Dès qu’on s’installe pour apprécier un enchainement, il est impossible d’imaginer le passage, dès que Mikko déboule, cela n’a rien à voir avec ce que l’on avait en tête. Les jumps sont énormes, ils dépassent les 40m à plusieurs reprises, mais cela ne semble pas violent, la Fiesta atterri de manière souple, sans brutalité, sans effet de pompage non plus, on imagine tout le travail des équipes pour arriver à un tel comportement. Mais le plus impressionant reste ces crêtes prises juste avant un virage ou en courbe, le pilote place son auto à coup de pied gauche et de petits coups de volant. C’est monstrueux, la Fiesta vole sur les enchainements droite sur crête, jump, puis gauche immédiat. A chaque passage, on a beau regarder tous les détails, on y comprend rien ! Mais comment fait-il ? Comment parvient-il à diriger une auto qui passe son temps dans les airs ?! Comment avoir une telle confiance sans faille dans ses notes pour garder le pied au plancher sans voir ce qui se cache derrière chaque crête ?! Le tout se passe le plus souvent en 6 ! Une des bosses ne provoque pas un saut mais une chute ! Un des rares endroits où l’on voit les feux stop de la Fiesta s’allumer longuement avant de prendre son envol.

On sent que l’on est en Finlande, le pays des deux pilotes Ford. Les médias sont là, les partenaires aussi, mais en fin de journée, après un dernier run à bloc avec Molly Taylor (WRC Academy) dans le baquet de droite, on a la chance de pouvoir échanger avec Mikko. Il semble très satisfait de sa journée. Rouler sur cette base d’essais est un vrai plaisir pour lui, il adore cette spéciale. Il dit n’avoir presque rien changé sur l’auto. C’est à se demander s’il s’est amusé ou s’il a préparé son rallye ! Mais au vu des passages, on se dit que Mikko pourrait bien être un candidat à la victoire alors qu’il traverse une période difficile sans victoire depuis la Suède. Le moteur, si important en Finlande, semble donner pleine satisfaction. Il se dit qu’il pourrait être plus puissant que celui de la concurrence. La vitesse de pointe de la Fiesta serait de 7 à 8 km/h plus importante que celle de la DS3WRC. Malgré la petite fumée blanche au démarrage en fin de séance, il semble avoir bien supporté les quasi 1300 km parcourus sur les 4 jours !

Voir une WRC dans ces conditions était un plaisir énorme. Est-ce la séance la plus impressionnante jamais vu ? Certainement ! Voir une WRC dans du cassant est passionnant, car on a du mal à imaginer que ces autos puissent passer dans des endroits aussi difficiles avec une aisance et une vitesse aussi importante. Mais sur le terrain finlandais qui est tout l’inverse : rapide, sur un terrain compact. C’est l’alliance entre le pilotage au fil du rasoir et le comportement de son auto qui rend si tripant les passages. Ces enchainements de courbes rapides sur crêtes et jumps sont fabuleux. La séance de tests à permis de voir de nombreux passages différents, sous des angles différents, des enchainements variés. Et seule la réalité permet de tout apprécier, les vidéos me ne permettait que d’en voir une infime partie !

 

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